Behemoth – Evangelion - Black/Death (août 2009)

Publié le par helresychronicle

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Behemoth, c’était ce groupe de Black Metal Polonais au milieu des années 90 qui était doté d’un potentiel indéniable mais qui lentement, intégra à sa musique  des touches Death, transformant ainsi des classiques comme « Pure Evil and Hate », « From the Pagan Vastlands » ou « Sventivith Storming Near The Baltic », jusqu’à définitivement quitté le noble genre qui connu son apogée en Norvège.  Thelema 6 amorça définitivement cette transformation. Tandis que Demigod se montra plus Brutal et que The Apostasy  nous offrit un travail de compositions tout simplement remarquable, il semble que Behemoth ait enfin atteint le but pour lequel il avait dévié du Black Metal, voilà maintenant plus de dix ans. En août 2009 sortit dans les bacs Evangelion, la neuvième œuvre des talentueux polonais, mais qui aurait put savoir ce que nous autre, pauvres auditeurs, allions nous prendre. Nergal, le grand leader, n’est pas connu pour se reposer sur ses acquis et tout fan qui se respecte sait que l’homme se donnera à fond pour nous pondre le meilleur album possible, respectant ainsi sa maxime « Resting is not for the conquerors ». Pourtant, Evangelion est différent des autres albums.

  Premièrement, la nouvelle imagerie du groupe où le blanc domine, est une prise de risques non négligeable vu que nous étions habitués aux atmosphères plus noires (Grom, Demigod, Thelema 6) ou sataniques (Zos Kia Cultus, Satannica), pourtant, la recette fonctionne super bien et on sent que le groupe est désormais plus libre, moins soumis au règles du Metal extrême et fidèle à lui-même (et pourtant, ces qualités étaient déjà bien présentes). Certains disent que Behemoth fait du Death, du Death Black, du Death Brutal, du Death technique etc... Mais qu’importe ! Behemoth est Behemoth, et ici, Behemoth est à son apogée. Cette phrase pourrait parfaitement résumer Evangelion. Ce qui est frappant, c’est que cet album, tout en mettant en valeur la personnalité du groupe, semble couler de source. Il est naturel, en aucun cas forcé. C’est un peu comme si nos quatre hommes s’étaient assis dans leur studio et avaient enregistrés Evangelion en 41 minutes 54 puis ajouté les samplers déjà pensé sur le moment. Oui, Evangelion a l’odeur d’un classique du Metal extrême.

  Tout commence avec la sombre intro de « Daimonos » où Nergal hurle comme une légion venu des enfers, annonçant un album confectionné par le diable en personne. Combien de fois ai-je vu des critiques qui disaient qu’un album aurait put être composé par Satan tout simplement parce que l’album était sombre et violent ? Le diable est un être supérieur aux misérables êtres humains et s’élever à son rang consiste à créer une nouvelle dimension. Et c’est parfaitement ce qu’à fait Nergal, qui pourrait bien être l’antéchrist en personne. Nergal s’est élevé face à Dieu, comme créateur, le défiant au travers de son Metal tutoyant la perfection. Il est semblable au Satan dans la tradition de Milton, l’ange rebelle qui a défié le grand créateur sur son propre terrain. Oui, « Daimonos » est bien de ce niveau. Aussi efficace que le reste de l’album, cette superbe entrée en matière ne cherche pas à dépeindre une imagerie « dark’n evil » grotesque mais bien à montrer jusqu’où le processus de création du Metal extrême peut être poussé tout en restant du pur Metal extrême. Car tout est dans le feeling et dans l’émotion qui en ressort.

  Ainsi commence cette œuvre d’art diabolique, tous les morceaux qui suivent offrent un véritable intérêt. Prenons le second morceau, « Shemhamforash », une pièce entrecoupée, introduite et conclue par un sitar, qui nous plonge dans une ambiance maléfique et guerrière, portée par des samplers de lointains vocaux. Ces mêmes types de sampler permettent de relever toute la saveur du tube qui introduit chaque concert du groupe, « Ov Fire and the Void », un morceau au tempo assez lent malgré une double pédale très présente et très rapide. On pourrait presque comparer ce morceau au célèbre « At the Left Hand ov God » par ses relents symphoniques et l’effet produit sur l’auditeur. Deux morceaux qui témoignent de l’héritage de The Apostasy sur la musique actuelle du groupe.

  D’un autre côté, le groupe possède un versant lorgnant plus vers le Death Brutal, les grandioses « Transmigrating beyond realms ov amenti » et « Defiling morality ov black god » en sont de parfaits exemples. On y voit ici l’impact qu’a eut Demigod (surtout sur le premier des deux morceaux) sur cet album de Behemoth. Rapide, technique, sombre, composé pour sonner comme du Behemoth. Dans un style relativement proche, « The Seed ov I » semble être un résumé de l’ensemble des morceaux les plus brutaux de The Apostasy, le côté symphonique en moins. Les cinq minutes du morceau sont entrecoupés d’un riff calme et dissonant purement Black Metal, preuve que Behemoth ne renie pas ses origines et sait se tourner vers son passé... quand cela sert ses intérêts.

  Les pistes « He who breeds pestilence » et « Alas, The Lord is Upon Me » nous montrent un nouveau visage du groupe. Alliant des parties Death a des passages calmes, dissonants, dopés en samplers, nous projetant au fin fond des forêts sauvages et sombres de Transylvanie, on y ressent des ambiance similaires a celles que l’on pouvait trouver sur leur culte MCD « And the Forest Dream Eternally ». Tandis que « Alas, The Lord is Upon Me » se concentre, malgré son ambiance décrite précédemment, sur le thème de la religion, « He who Breeds pestilence » rappelle un certain Amon Amarth sur certaines parties. Attention, cela reste plus proche de la musique de Behemoth que de celles des vikings suédois, mais on y retrouve ici des passages épiques et guerriers, la batterie s’y veut parfois martiale.

  Puis le final... « Lucifer », une œuvre d’art au sein d’une œuvre d’art. Le morceau est lent et basé sur 2 riffs (!) et pourtant, il est juste énorme ! Tout démarre sur une intro purement ambiante et progressivement, prépare l’auditeur à entrer dans la danse luciférienne. Ici, tout semble calculer au millimètre près pour que notre dos frissonne à chaque écoute. Au bout de cinq minutes, un certain Maciej Malenczuk vient réciter un poème. Un superbe conteur qui pourrait être le Pierre Bellemare de Behemoth. Puis, après une partie ambiante, le final du final. Le riff du refrain de « Lucifer » repris sur une rythmique groovy pour nous forcer à danser sur les ténèbres. Cette partie est déclenchée juste au bon moment, preuve du talent de compositeur de Nergal. Une outro ambiante, pour que l’auditeur puisse se remettre de ses émotions... celles qui sont provoqués par ce qui est une œuvre qui pourra entrer au panthéon des meilleurs albums du Metal extrême.

  Le son de l’album est le meilleur que le groupe n’ai jamais sorti, moins compact que leur précédant méfait, Behemoth semble ci avoir trouvé la production parfaite, le tout accompagné d’un sens de composition qui les définit plus que jamais. Le désir de perfectionnisme de Nergal, son ambition et le talent des 4 membres du groupes (le chant d’Orion et de Nergal, la technique d’Inferno à la batterie), le désir de créer une imagerie forte et de faire une œuvre complète jusqu’au bout des ongles ont payés. Evangelion est un grand album de Behemoth et espérons qu’il ne soit pas le dernier.

  Cependant, il y a deux raisons pour que cet album n’ait pas la note maximale malgré ce qui a été dit :

-Les notes étant subjectives, pour que je sois en mesure de lui donner la note maximale, il faudrait que ce soit l’album de mes rêves, mon album ultime capable de me dissuader de composer.

-Nergal est un perfectionniste et un véritable génie. Il revient toujours plus fort et on peut attendre un dixième album meilleur qu’Evangelion.

  Behemoth risque bien de détrôner Morbid Angel, puisse ce groupe continuer sur cette voie qui fera d’eux les futurs maîtres du monde.

 

19,5/20

Publié dans Black-Death metal

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